Lettre ouverte à Monsieur le Préfet de la Drôme
Romans, le 7 mars 2015
Monsieur le Préfet
Depuis une semaine la Maison de la Nature et de l'Environnement, à Romans est occupée de façon illégale par des citoyennes et citoyens de Romans, des familles avec leurs enfants. Ils vous ont envoyé un courrier pour vous en informer.
J'ai rencontré à plusieurs reprises ces personnes qui occupent ce site de façon pacifiste, respectueuse et joyeuse !
Vous serez sans doute sollicité par Madame le Maire pour faire procéder à une expulsion de ces occupants. Je ne vous interpelle pas sur l'aspect juridique de votre décision. Celle-ci vous appartient.
Je souhaite simplement vous exprimer ma solidarité sans équivoque avec ces citoyens. S'ils ont choisi un acte illégal, celui-ci est cependant totalement légitime.
En effet, et vous en êtes sûrement informé, cette maison, ces espaces des berges de l'Isère font partie intégrante du patrimoine romanais et doivent rester accessibles aux romanais, aux promeneurs, aux passionnés de nature, d'environnement.
Un projet viable a été initié par les 16 associations œuvrant dans ce lieu et par l’ancienne majorité municipale. Ce projet de Pôle d’Education à l’environnement a reçu le soutien de la région Rhône Alpes, du Conseil général de la Drôme et de différentes structures intervenant sur le champ de l'éducation à l'environnement et du développement durable. Ce projet est unique en Drôme.
Je pense que comme tout citoyen vous n'êtes pas indifférent des enjeux écologiques que nous allons affronter dans les années à venir. Plus que jamais l'information, la formation, la prise de conscience de nos concitoyens sont nécessaires pour modifier des habitudes de déplacement, de consommation, de gestion des ressources, de préservation des éléments indispensables à la vie comme l'eau, la qualité de l'air, la protection des terres agricoles et des espaces naturels.
Nous ne souhaitons pas que ces changements soient imposés par des gouvernances autoritaires, non démocratiques, sans la compréhension et l'assentiment des citoyens. Car sans l'approbation des populations, ces indispensables modifications de nos comportements pourront générer des oppositions fortes, des clivages importants dans la société, et donc à terme de graves désordres publics, bien plus graves que cette occupation pacifique.
Plusieurs décisions brutales, sans concertation ont été prises par la majorité municipale actuelle et ont conduit à ce regroupement spontané de citoyens mécontents, inquiets, et forces de proposition pour la pérennité du projet initial. Ils ont transformé cette Maison de la nature et de l'environnement en Maison de la résistance.
Dans notre région, la résistance a un sens. Si les menaces d'aujourd'hui ne sont pas du même ordre que celles que notre pays a connu, elles peuvent être, à plus ou moins long terme, dramatiques. Un seul exemple : toutes les personnes travaillant sérieusement sur les dérèglements climatiques prévoient des migrations de populations, appelés les réfugiés climatiques, sans précédent dans l'histoire. Ces déplacements massifs de population ne se feront pas sans conflits ni graves perturbations. Nous avons un impératif éthique, une responsabilité morale et civique, pour affronter avec courage et lucidité ces temps à venir.
C'est pour cette raison que je soutiens ce mouvement de résistance citoyen qui doit nous interpeller toutes et tous.
Je compte, Monsieur le Préfet, sur votre intelligence et votre discernement pour comprendre la vraie nature des enjeux de cette occupation et trouver les réponses adaptées à une mobilisation citoyenne qui n'a d'autre but que le bien public et l'avenir de nos enfants.
Avec mes respectueuses salutations,
Denis Donger Ancien maire-adjoint de Romans en charge de l'environnement, Co-initiateur de la MNE, Conseiller municipal de Romans
